En rebrassant ses cartes vendredi avec un remaniement ministériel, il est devenu clair que Justin Trudeau n’a plus d’as dans sa manche et que son avenir politique est plus que jamais en suspens.
Sans rien enlever aux députés qu’il a élevés au rang de ministre, le premier ministre a jeté sur la table des cartes à peu près inconnues du public qui ne changeront rien à sa destinée.
Un remaniement bouchetrou qui vise essentiellement à faire tourner la machine.
Exit le grand plan pour se relancer, démontrer qu’il a encore le feu sacré, qu’il est capable de fédérer contre Pierre Poilievre.
Nous sommes loin du plan initial, c’est-à-dire de nommer des gens d’envergure avec une certaine réputation comme Mark Carney.
Un remaniement bouche-trou qui vise à faire tourner la machine
Attirer dans son giron de gros noms, c’était possiblement sa dernière chance dans l’espoir de rasseoir sa légitimité aux yeux des libéraux eux-mêmes.
C’est complètement l’inverse qui s’est produit.
Le bureau du premier ministre l’a échappé en voulant congédier Chrystia Freeland, qui lui a rendu la monnaie de sa pièce au centuple.
Sa lettre de démission jette à terre les ambitions du premier ministre de se présenter comme un pilier dans les négociations face à Trump.
Lui préférait donner de coûteux bonbons à l’électorat, elle, garder ses munitions pour faire face aux tarifs.
Devant Trump, une menace quasi existentielle, la crédibilité de Justin Trudeau s’en trouve presque mortellement ébranlée.
Absent
Un remaniement est souvent l’occasion d’envoyer un message, de tracer une nouvelle direction, de dire que le gouvernement fonctionne sous une autre administration.
Rien de tel ne s’est produit vendredi.
Justin Trudeau s’est fait à peu près absent, sauf pour une courte déclaration sur le fait que son nouveau cabinet se concentre sur « la dynamique Canada–États-Unis ».
Il n’a pris aucune question de journalistes depuis plus d’une semaine.
Depuis la bombe de lundi, il se cloître derrière un silence assourdissant.
Peut-être sans le vouloir, certains de ses nouveaux ministres nouvellement nommés ont confirmé hors de tout doute raisonnable que Justin Trudeau pourrait quitter son poste.
Le premier ministre aurait été « clair » avec ses collègues libéraux qu’il se trouvait devant un « choix difficile », a souligné la Montréalaise Rachel Bendayan.
Pour la première fois, la tempête est trop forte pour balayer tout cela sous le tapis.
Durant la dernière décennie, Justin Trudeau a su convaincre que sa popularité personnelle était la locomotive du Parti libéral, même dans les pires épreuves.
Cette fois-ci, la crise est si profonde qu’on a l’impression que même un miracle de Noël ne sera pas suffisant.