Une étude de grande envergure suggère que la consommation régulière de chocolat noir, mais pas celle de chocolat au lait, est associée à une diminution marquée du risque de développer un diabète de type 2.
Plusieurs études suggèrent qu’une bonne partie des bénéfices associés à la consommation de végétaux provient des flavonoïdes, une classe de polyphénols retrouvés en abondance dans plusieurs aliments d’origine végétale. Ces composés dits phytochimiques sont souvent des molécules de défense que les cellules végétales synthétisent pour se protéger de leurs prédateurs et assurer leur survie.
Selon leur structure biochimique, six grandes sous-classes de flavonoïdes existent dans la nature, incluant les flavonols (oignons, brocoli, thé, plusieurs fruits), les flavones (persil, céleri), les flavanones (agrumes), les flavanols (thé vert, chocolat noir, vin rouge, pommes), les anthocyanines (petits fruits, vin rouge) et les isoflavones (soja).
Toutes ces molécules modulent à des degrés divers plusieurs phénomènes impliqués dans le développement des maladies chroniques, en particulier l’inflammation et le stress oxydatif, et contribuent donc grandement à l’impact positif des aliments d’origine végétale sur la santé.
Les flavanols du chocolat noir
Le chocolat noir est l’un des aliments contenant les plus grandes quantités de polyphénols, en particulier ceux de la classe des flavanols (c’est l’interaction de ces flavanols avec les protéines de la salive qui est responsable de l’amertume caractéristique du chocolat noir riche en cacao).
Une portion de 10 à 30 g de chocolat contenant 70% de cacao, ce qui équivaut à environ deux petits carrés, contient plus de flavanols que la quantité moyenne totale consommée par les Nord-Américains en une journée(1).
Cet apport élevé en flavanols dépend donc directement du contenu en cacao du chocolat consommé: le chocolat noir (50%-80% cacao) en est évidemment la meilleure source (4 mg de flavanols/g, en moyenne), alors que le chocolat au lait (35% cacao ou moins) en contient environ six fois moins (0,7 mg/g).
Protection contre le diabète
Le diabète de type 2 est l’une des maladies chroniques dont le développement semble être le plus fortement influencé par l’activité biologique des flavonoïdes, et il est donc possible que le chocolat noir, très riche en flavanols, puisse contribuer à cet effet préventif.
Pour tester cette possibilité, une équipe de chercheurs de l’Université Harvard a analysé l’association entre la consommation de chocolat et l’incidence de diabète 2 chez 192 208 hommes et femmes suivis pendant une période de 30 ans(2).
Après avoir rigoureusement pris en compte les autres facteurs connus pour influencer le risque de diabète (âge, niveau d’exercice et poids corporel, entre autres), les chercheurs ont découvert que les personnes qui mangeaient au moins 140 g de chocolat noir par semaine (soit l’équivalent de cinq portions) présentaient un risque inférieur de 21% de développer un diabète de type 2 par rapport aux personnes qui en mangeaient rarement ou jamais.
En revanche, la même analyse réalisée auprès de personnes qui mangeaient seulement du chocolat au lait n’a montré aucune diminution du risque de diabète, ce qui souligne à quel point c’est le contenu en cacao (et donc en polyphénols) qui est crucial pour provoquer des effets positifs sur la santé.
Les chercheurs ont aussi observé que la consommation de chocolat au lait, riche en sucre, était associée à un gain de poids durant l’étude, alors que celle de chocolat noir n’avait aucun impact. Étant donné que le surpoids représente un important facteur de risque de diabète, cette différence entre le chocolat noir et celui au lait pourrait contribuer aux effets positifs du chocolat noir.
La réduction du risque de diabète de type 2 par le chocolat s’explique par les multiples bienfaits des polyphénols de type flavanols.
On a en effet montré que ces molécules améliorent la façon dont notre corps réagit à l’insuline et métabolise le sucre. Elles protègent également les cellules bêta du pancréas, qui produisent l’insuline en diminuant le stress oxydatif et l’inflammation.
Remplacer régulièrement des desserts industriels très sucrés par quelques carrés de chocolat noir 70% peut donc avoir des répercussions très positives sur la santé.
Les Autochtones d’Amérique centrale (Aztèques et Mayas) avaient depuis longtemps identifié le chocolat comme un aliment santé et en avaient fait un élément important de leur alimentation.
La science moderne confirme encore une fois l’importance de ces savoirs ancestraux hérités d’une longue tradition humaine (300 000 ans) et même animale (les chimpanzés, entre autres) d’exploration des propriétés curatives des végétaux issus de la nature, dans laquelle nous avons évolué et de qui nous avons dépendu si fortement pour notre santé, avant le début de la création et de l’utilisation des médicaments produits par l’industrie pharmaceutique, depuis le 19e siècle, ce qui est très récent du point de vue évolutif.
RÉFÉRENCES
(1) Gu L et coll. Procyanidin and catechin contents and antioxidant capacity of cocoa and chocolate products. J. Agric. Food Chem. 2006; 54: 4057-61.
(2) Liu B et coll. Chocolate intake and risk of type 2 diabetes: prospective cohort studies. BMJ 2024: 387:e078386.