La nouvelle mesure anti-flânage dans le métro de Montréal fait réagir. Si certains se disent soulagés de retrouver un certain sentiment de sécurité, d’autres jugent le règlement mis en place jusqu’au 30 avril «injuste».
Selon ces nouvelles règles de la Société de transport de Montréal (STM), il ne sera plus toléré de dormir, consommer, uriner dans les couloirs ou près des entrées.
Ces mesures toucheront surtout les sans-abri, qui passent parfois toute la journée dans le métro. Les constables spéciaux pourront les amener plus facilement vers la sortie.
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Vendredi matin, 24 heures a constaté que l’interdiction de flânage n’était pas systématiquement appliquée.
Une quinzaine de personnes dormaient ici et là, dans sept stations visitées. D’autres consommaient de la drogue à la vue de tous dans les couloirs.
«C’est un jeu du chat et de la souris qui commence entre nous et les sans-abri», confie un constable spécial à qui nous avons parlé.
Vol à l’étalage
C’est un mal pour un bien, croit Steeven Njampou, caissier du dépanneur KaleMart24 devant les tourniquets de la station Berri-UQAM.
«Ça permettra de nous sentir plus en sécurité sur notre lieu de travail, dit-il. On voit beaucoup d’itinérants ou des voleurs. Certains jours, on a cinq ou six vols.»
Où aller?
En plus de l’obligation de circuler, la STM va fermer des espaces communs comme des passerelles de la station Place-des-Arts.
Des grillages seront ajoutés dans la station Bonaventure, où jusqu’à 50 sans-abri errent chaque jour. Parmi eux, il y a Idania, à la rue depuis un an. Elle trouve ces nouvelles mesures injustes.
«Il n’y a pas d’endroit [où aller]. On ne peut quand même pas rester dehors dans le froid», déplore-t-elle.
En tout, une douzaine de stations seront repensées pour diminuer la criminalité et améliorer la propreté. Plus de la moitié des usagers ne se sentent plus en sécurité, selon la STM.
«Je prends le métro tous les jours et il y a toujours quelque chose qui arrive», observe Sébastien Lemaire-Giguere, un usager. «Ça ne va pas de mieux en mieux, depuis la pandémie.»
Pour la mairesse de Montréal, Valérie Plante, il était temps d’agir.
«On doit entendre le sentiment d’insécurité des usagers et l’inquiétude des employés de la STM qui prennent sur eux des responsabilités grandissantes», disait-elle jeudi en point de presse.