(Sportcom) – Les skieurs acrobatiques Alexandre Duchaine et Marion Thénault sont passés près d’être médaillés aux Championnats du monde des sauts pour la première fois de leur carrière.
Dimanche, en Suisse, le sauteur de Québec s’est classé quatrième, tandis que sa coéquipière de Sherbrooke a pris le cinquième rang de l’épreuve féminine.
Les deux Québécois avaient une analyse différente de cette dernière compétition de la saison. Pour Duchaine, finir au pied du podium avait des allures de petite victoire, tandis que pour Thénault, elle a laissé un arrière-goût amer.
Jouer sa paire d’as avant la super finale
Le Suisse Noé Roth a remporté un deuxième titre mondial consécutif grâce à son pointage stratosphérique de 143,31. Il a devancé l’Américain Quinn Dehlinger (123,53) et son compatriote Pirmin Werner (107,12). Pour Duchaine (105,21), il s’agit de son meilleur résultat cette saison.
«Il y a beaucoup de points positifs, car je reviens d’une blessure à une cheville. Je suis donc content d’avoir réussi quelque chose de bon. Ce qui est décevant, c’est de voir que j’étais à deux points [de la médaille de bronze]. Et avoir eu un atterrissage légèrement meilleur, j’étais sur le podium», a mentionné le sauteur de 20 ans.
Le format de la compétition a eu une influence sur le choix des sauts de Duchaine. Contrairement aux Coupes du monde, où il n’y a qu’un saut par athlète à chaque ronde, les mondiaux et les Jeux olympiques exigent deux sauts aux qualifications et en première finale, mais un seul en super finale. Et les athlètes doivent exécuter des sauts différents à chaque passage sur le tremplin aux deux finales.
Comme aux cartes, le sauteur n’a pas eu d’autre choix que de jouer sa paire d’as en première finale, tandis que plusieurs autres ont pu conserver leurs atouts pour l’ultime ronde.
«Pour les Jeux, il faut un troisième saut. Je suis entré en finale avec mes deux plus gros sauts et je n’en avais plus pour la super finale, contrairement aux autres gars qui se qualifient avec deux sauts moyens et qui font leur meilleur en super finale.»
La domination de Thénault s’arrête en super finale
Grande favorite de la super finale féminine, après avoir dominé les qualifications avec 23 points d’avance et la première finale par près de six points, Marion Thénault (90,15) a raté son atterrissage en ronde ultime et s’est classée cinquième.
L’Américaine Kaila Kuhn (105,13) a été sacrée championne du monde devant la Chinoise Xu Mengtao (99,16) et l’Australienne Danielle Scott (96,93). Charlie Fontaine s’est arrêtée aux qualifications et a fini en 18e place.
La Québécoise de 24 ans avait le saut le plus difficile des six super finalistes, un «back full full full» qu’elle a parfaitement exécuté dans les airs, mais dont elle a raté à l’atterrissage, alors qu’elle s’est partiellement écrasée vers la droite. Elle est demeurée debout, mais le contact de sa main droite au sol a été plus coûteux que ce qu’elle croyait. Thénault souriait nerveusement avant le dévoilement des notes, et son sourire s’est évaporé à l’affichage du résultat.
«Mon âme a quitté mon corps pendant un instant, et je ne comprenais pas, a lancé l’athlète à la blague, tentant de se remonter le moral. Je n’aime pas dire que mon pointage n’était pas bon ou que les juges n’ont pas bien fait leur travail. Et ce n’est pas ce que je dis, mais ça m’a vraiment surprise, car j’étais sûre que j’étais sur le podium. Ce moment-là m’a vraiment secouée, car j’avais l’impression que j’avais vraiment fait ma job.»
La médaillée de bronze à la compétition olympique des Jeux de 2022 quitte la Suisse les mains vides, mais la tête pleine d’une confiance qui s’est forgée au cours de la dernière saison. Oui, elle n’est montée que sur un seul podium en Coupe du monde, mais elle a enchaîné les sauts sur le tremplin triple comme jamais.
L’an dernier, elle avait hâte que la saison se termine, encore traumatisée par un accident survenu en début de saison. Cette année, elle a déjà hâte de reprendre le collier.
«J’ai vraiment sauté comme de la bombe cette fin de semaine. Pour vrai. J’ai fait les meilleurs sauts de ma vie. […] Même si les résultats n’étaient pas tout le temps là, j’ai vraiment trippé. J’adore atterrir ces sauts-là et je sais quoi travailler pour montrer ce que je sais faire et ma passion pour ce sport.»
La peur a fait place à la confiance et au plaisir: «J’ai tellement pris d’expérience cette année, et c’est sûr qu’on veut de meilleurs résultats, mais je suis capable de prendre un pas de recul et de voir que le travail que j’ai fait était nécessaire pour avoir des résultats dans le futur.»
Dans ce futur, il y a les Jeux olympiques de Milan-Cortina, qui auront lieu en février prochain.