RIMOUSKI – Bien qu’il souhaitait faire adopter son projet de loi sur l’avenir énergétique et que son travail de superministre est le plus stimulant qu’il n’ait jamais connu, Pierre Fitzgibbon explique sa démission par un déclin de motivation. Malgré certaines divergences d’opinions, il n’y avait pas de chicanes avec le premier ministre, plaide-t-il.
«En politique, on ne finit jamais l’ouvrage», a déclaré Pierre Fitzgibbon, heureux néanmoins du travail accompli. «Les résultats sont là et l’économie du Québec va bien.»
Oui, il aurait «aimé compléter» son projet de loi. «Mais, je n’étais pas prêt à finir mon mandat», a-t-il mentionné.
Il aura finalement démissionné quelques jours avant le début des travaux parlementaires. Pour expliquer son départ, M. Fitzgibbon a parlé d’un «déclin» de motivation après «six ans» de service public.
Il reste beaucoup de travail à faire au sein de son ministère, admet-il, mais il ne craint pas que sa loi soit altérée lors de son étude, parce qu’il y aura «une continuation avec des gens qualifiés.»
Le superministre sortant et le premier ministre François Legault ont pris la parole ensemble, en marge du caucus de la CAQ à Rimouski.
Devant les caméras, les deux hommes se sont fait une accolade. Une fois le point de presse terminé, ils sont toutefois partis froidement chacun de leur côté.
«Des compromis, il y en a toujours dans la vie. Mais il n’y a pas eu de chicanes», a assuré Pierre Fitzgibbon, en parlant de sa relation avec le premier ministre.
M. Fitzgibbon a d’ailleurs été incapable d’expliquer d’où provenait son manque soudain de motivation, surtout devant le défi de développer la filière batterie chère à ses yeux et la chance de marquer l’histoire avec sa loi sur l’avenir énergétique du Québec.
«Il n’y a pas de sources spécifiques», a-t-il soutenu.
Selon leur version, le superministre n’était pas prêt à demeurer en poste jusqu’à la fin du mandat et souhaitait même partir en décembre. Le premier ministre explique qu’il lui a demandé de partir immédiatement afin d’éviter les distractions.
Mésentente?
François Legault soutient qu’il aurait voulu que son superministre «termine son mandat», mais il n’était «pas confortable» avec l’idée qu’il reste sachant la date de son départ.
Le premier ministre a néanmoins tenu à lui rendre hommage, affirmant que «Pierre a toujours livré la marchandise». Il a salué son bilan en matière d’économie.
M. Legault a aussi signalé que ce n’était pas toujours facile de travailler avec Pierre Fitzgibbon, mais qu’il aimait «s’entourer de gens forts», avoir «de bonnes discussions» et «trouver des compromis».
Or, encore mercredi, les deux têtes fortes ne semblaient toujours pas sur la même longueur d’onde au sujet des tarifs d’Hydro-Québec.
Selon M. Fitzgibbon, avec les investissements de 160 G$ d’Hydro-Québec dans les 10 prochaines années, les coûts de services vont augmenter. Les tarifs résidentiels devraient augmenter de 5% à 10% chez certains clients, croit-il.
Le premier ministre a quant à lui réitéré que tant qu’il sera premier ministre, «il n’y aura pas d’augmentation pour le résidentiel pour les individus de plus de 3%».
Pierre Fitzgibbon s’est dit «d’accord» avec la promesse de Fançois Legault, mais se demande «qui va payer». «La question n’a pas été réglée», dit-il.
Pas de lobbyisme
Pour la suite, même s’il n’a pas aimé «la politique», Pierre Fitzgibbon affirme qu’il s’agit de «l’aventure la plus extraordinaire» de sa vie.
À 69 ans, il ne sait pas ce qu’il fera, mais sait ce qu’il ne fera pas. «Deux choses. Je ne serai pas lobbyiste et je n’irai pas dans les médias», a-t-il affirmé avec humour.
–Avec la collaboration de Patrick Bellerose