Des manifestants propalestiniens, dont une ayant tenu des propos favorables au Hamas, devront s’abstenir de s’approcher d’étudiants à l’Université Concordia, en prévision du premier anniversaire des attaques terroristes du 7 octobre en Israël.
Le juge Daniel Urbas, de la Cour supérieure du Québec, a accordé une injonction d’urgence le 3 octobre interdisant notamment à deux individus et à des entités de faire de l’obstruction à Concordia pour une période de 10 jours.
Deux étudiants de Concordia, Michael Eshayek et Anastasia Zorchinsky, de même que deux associations, avaient initié une demande d’injonction le 1er octobre visant Mahmoud Khalil et Reema Aboudraz, tout comme les entités SPHR Concordia et Montreal4Palestine, entre autres.
Dans une vidéo dont la décision fait état, Mahmoud Khalil traite de «sale tapette» (fucking faggot, en anglais) Eshayek et de «petit pleutre… ex-criminel de l’IOF, pleurant parce qu’il a trop peur de marcher autour du campus».
«Je ne peux que me retenir de le frapper en plein visage, là et maintenant», écrit aussi Khalil.
Quant à Reema Aboudraz, le juge Daniel Urbas souligne qu’elle est une étudiante de Concordia qui a déjà exprimé son soutien aux Palestiniens «et aussi au Hamas» sur internet.
Interférence judiciaire?
Dans sa décision, le juge Urbas s’est aussi dit préoccupé par le fait qu’une des entités visées par le recours, Alliance4Palestine.QC, aurait potentiellement tenté d’interférer dans le processus judiciaire.
Des émojis associant chacun des plaignants soit à un rat, un cochon, un âne ou un cafard, avec pour chacun, en plus, un émoji avec un doigt d’honneur, ont été publiés en ligne par l’entité. Il y avait aussi des émojis de caca et d’autres indignes d’être répétés, selon le juge.
«L’objectif du recours n’est pas la suppression de la liberté d’expression, mais celle d’activités intimidantes, menaçantes et harassantes qui interrompent et perturbent l’accès aux services universitaires», a-t-il mentionné.
Selon le juge, les vidéos et les images soumises dans le recours «reflétaient des moments durant lesquels n’importe quelle personne raisonnable aurait senti une crainte valide, immédiate et imminente pour leur sécurité physique».
Il est question dans la décision d’étudiants entourés par une foule en colère qui leur crie des jurons et leur dit de s’en aller. «Le langage n’est pas seulement intimidant, mais inclut aussi des menaces de violence physique», écrit le juge.
Le juge a aussi estimé troublant le fait que des événements prévus viseraient à célébrer le 7 octobre à Concordia.
Notre Bureau d’enquête avait rapporté ce printemps un climat de peur pour des étudiants juifs à Concordia. Une étudiante qui a requis l’anonymat avait indiqué ne plus assister à ses cours en présentiel en raison de craintes pour sa sécurité.
«Le jugement est une affirmation de la primauté du droit au Canada pour tout citoyen», s’est réjoui Neil Oberman, l’avocat de plaignants, en réaction à la décision.