Le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, a fait plusieurs analogies au hockey pour critiquer l’approche «décousue» des premiers ministres provinciaux face aux menaces des tarifs douaniers de Donald Trump, lors d’une conférence de presse sur l’itinérance à Montréal, vendredi.
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«On n’est même pas en première période», a répondu M. Miller à une question des journalistes. «Avec l’équipe Canada, on est rendu dans notre période de réchauffement.»
M. Miller a été interrogé sur les propositions de François Legault qui aurait suggéré d’envoyer l’armée canadienne à la frontière pour résoudre le problème d’immigration illégale et de drogues qui y transigent, et dont Donald Trump se plaint fortement, puisque la Sûreté du Québec (SQ) ne peut assumer les coûts de cette surveillance.
«Il y a toutes sortes d’idées qui circulent, mais ce qu’on voit malheureusement avec certains premiers ministres, c’est que ce sont des mangeurs de “puck”, qui commencent à prendre l’attention, puis c’est décousu leur approche», s’est justifié le ministre Miller.
«Ça prend une équipe Canada: il faut que les gens se passent la rondelle et qu’on fasse front uni à une menace qui est immensément importante avec la perspective d’un tarif qui pourrait accabler nos industries. Donc, il est essentiel que les premiers ministres soient sur la même longueur d’onde que le fédéral», a-t-il plaidé.
Le «fédéral est prêt», assure Miller
Hier, François Legault avait fait part de ses réelles inquiétudes quant aux menaces de Donald Trump après avoir conversé quelques minutes avec le futur président, à Paris, lors de l’inauguration de la cathédrale Notre-Dame.
«Ce que M. Trump m’a dit, c’est que c’est possible d’éviter les tarifs si on prend les bonnes mesures pour arrêter d’avoir des immigrants illégaux», avait expliqué M. Legault, jeudi, en entrevue.
«Legault, il y en a certaines [suggestions] qui sont bonnes, certaines qui sont moins bonnes», a admis de son côté le ministre Miller, vendredi. «Il y a quand même ce réflexe de toujours demander l’armée, mais je pense qu’on va être prêts, on va s’assurer qu’on va être là avec les États-Unis pour s’assurer que dans la mesure où il y a eu des demandes raisonnables à la frontière, que ces demandes raisonnables sont répondues de façon raisonnée.»
Et il a justement indiqué que le «fédéral est prêt» à toutes les éventualités, mais a insisté sur le maintien d’un «front commun» entre le gouvernement fédéral et ceux des provinces.
Il a assuré également qu’il avait déjà «serré la vis» pour réduire le flux d’immigration illégale à la frontière avec les États-Unis.
D’ailleurs, il annoncera de nouvelles mesures pour renforcer la sécurité à la frontière la semaine prochaine, lors de l’annonce économique de l’automne.
«Ça ne vole pas haut ici», rétorque Bonnardel
Le ministre québécois de la Sécurité publique, François Bonnardel, a néanmoins fait part de son désagrément à l’égard de la critique de M. Miller.
«Ça ne vole pas haut ici», a-t-il mentionné dans une publication X. «Notre premier ministre l’a fait reculer sur plusieurs de ses politiques d’immigration complètement déconnectées. M. Miller l’a visiblement sur le cœur.»
Ce reproche vis-à-vis du premier ministre François Legault démontre du «manque de respect» récurremment de M. Miller envers les Québécois, selon M. Bonnardel.
«Il y a des limites à dire n’importe quoi», a-t-il ajouté. «J’invite le ministre à se ressaisir.»
«On appelle ça de la collaboration», selon Roberge
Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a quant à lui réitéré les demandes d’aide à Ottawa pour renforcir la sécurité à la frontière, soulignant que le gouvernement de François Legault mettait tout en œuvre pour résorber ce problème.
«Le premier ministre a fait preuve d’un grand leadership dernièrement, a-t-il soulevé. M. Legault a eu la chance d’avoir une conversation directement avec M. Trump. [Il] a exposé la position du Québec, par le fait même, celle du Canada, comme quoi on va renforcer les frontières. Pour ça on a besoin de l’aide d’Ottawa. Il me semble que c’est ce qu’on appelle de la collaboration, et ce n’est rien d’autre.»
Il a maintenu, tout comme le premier ministre Legault, que la première étape est de «sécuriser les frontières».
«La première inquiétude de M. Trump, c’est de voir des gens qui atterrissent au Canada, notamment au Québec, comme faux demandeurs d’asile ou comme faux touristes, dans l’objectif de traverser à travers la forêt et débarquer aux États-Unis», a souligné M. Roberge.
«Ça, c’est la crainte de M. Trump, a-t-il ajouté. Il faut répondre à cette crainte-là en sécurisant nos frontières et de cette manière-là on aura la confiance des Américains puis on pourra peut-être éviter la hausse des tarifs.»
M. Legault affirmait jeudi que des représentants des États-Unis lui ont fait part de chiffres indiquant que 80% des immigrants illégaux qui traversent la frontière du Canada vers le pays de l’Oncle Sam provenaient du Québec.
Et c’est pour cette raison que M. Roberge affirme devoir se répèter: «On a besoin de l’aide d’Ottawa».
De son côté, lorsqu’il a été interpellé au sujet des propos de Marc Miller, François Legault a répondu qu’il «n’avait pas de temps à perdre avec ça».
Le premier ministre du Québec était plutôt occupé, vendredi, à rencontrer des enfants malades au Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine.