En principe, la loi de la moyenne favorisait les Sabres face au Canadien. Dix défaites de suite, c’est lourd à porter. Tellement que le propriétaire des Sabres, Terry Pegula, a senti le besoin de faire un voyage éclair à Montréal, lundi, pour venir parler à ses joueurs.
De son côté, le Tricolore n’avait pas le droit d’échapper la victoire. À sa sortie précédente devant ses partisans, il s’était fait matraquer 9 à 2 par les Penguins. Une sortie honorable contre les Sabres n’était pas une option. La troupe de Martin St-Louis se devait de l’emporter coûte que coûte. Il en allait de son bien-être.
Le Canadien a rempli son mandat en remportant une victoire sans équivoque. Les amateurs ont eu droit, en prime, à un tour du chapeau de Patrik Laine, son premier dans l’uniforme bleu, blanc, rouge.
Ça lui fait six buts en sept matchs.
Pas trop mal!
Il est parti pour en inscrire 20, disons.
Tant mieux s’il surpasse ce chiffre. Ce sera un boni.
Avec cette victoire, le Canadien est sorti de la cave du classement de l’Association de l’Est. Il devance les Sabres par un petit point, mais on se console comme on peut en cette période pour notre équipe de gouret.
14e saison de misère
On peut se dire aussi qu’il y a pire que le Canadien. Les Sabres sont tout simplement affreux. Ils se dirigent vers une 14e exclusion consécutive des séries.
À leur dernière participation au tournoi printanier, en 2011, la Maison-Blanche était occupée par Barack Obama. Stephen Harper habitait le 24, Sussex Drive, l’ancienne résidence des premiers ministres canadiens.
Au Québec, Jean Charest en était à son avant-dernière année au pouvoir. Le maire de Montréal était – attendez que je me rappelle –, Gérald Tremblay, que l’on voyait souvent à Infoman, animé par Jean-René Dufort, qui a cette facilité de nous présenter l’information avec un œil léger.
J’aime bien.
Jean-René devrait peut-être faire un reportage sur les Sabres. Ce que cette équipe vit n’est pas drôle.
C’est tragique!
Bonne ville de hockey
Buffalo est une bonne ville de hockey. Dans les bonnes années des Sabres, un match à Buffalo était toujours palpitant. Si le Canadien misait sur le trio Shutt-Lemaire-Lafleur dans les années 1970, les Sabres pouvaient lui répondre avec la «French Connection», formée de Richard Martin, Gilbert Pereault et René Robert.
À mes premières années sur la couverture du Canadien, dans les années 1980, Gilbert Perreault électrisait encore les foules avec des montées à l’emporte-pièce. Mike Foligno célébrait chacun de ses buts en sautant dans les airs. Dave Andreychuk comptait de tous les angles.
À la défense, Phil Housley traversait la patinoire avec l’aisance d’un Paul Coffey.
En 1983, un longiligne gardien sorti d’un high school devint une vedette instantanée en remportant les trophées Vézina et Calder, en plus d’être élu dans la première équipe d’étoiles de la Ligue nationale et la formation étoilée des recrues.
Son nom: Tom Barrasso.
Et, comme c’était cas à l’époque, ça se battait souvent au vieux Memorial Auditorium. Le défenseur Larry Playfair était le matamore de service, mais Foligno ne se faisait pas prier pour laisser tomber les gants non plus. Lindy Ruff, l’actuel entraîneur des Sabres sous qui l’équipe a pris part aux séries la dernière fois, se battait lui aussi à l’occasion.
Pratiquement le néant depuis Daniel Brière
Les dernières bonnes éditions des Sabres ont été celles de 2005-2006 et de 2006-2077, dont le chef de file était Daniel Brière. Dirigées par ce même Ruff, ces équipes avaient connu des saisons de 110 et 113 points, atteignant la finale de l’Association de l’Est chaque fois.
En 2009-2010, les Sabres ont amassé 100 points, puis 96 la saison suivante. Ils ont été éliminés au premier tour des séries dans les deux cas.
Depuis ce temps, c’est l’enfer.
La direction a procédé à trois changements au poste de directeur général depuis 2013. Sept entraîneurs ont défilé derrière le banc pendant cette période.
De 2013 à 2022, les Sabres ont choisi dans le top 10 au repêchage. De ce nombre, Sam Reinhart (Floride) et Jack Eichel (Las Vegas) sont allés remporter la Coupe Stanley avec d’autres organisations.
C’est le directeur général actuel, Kevyn Adams, qui disait, la semaine dernière, que Buffalo n’avait pas de palmiers ni de taux de taxations avantageux à offrir aux joueurs autonomes.
C’est plutôt d’une refonte en profondeur que cette équipe a besoin avant tout. Les murs du KeyBank Arena suintent la défaite. C’est devenu une habitude de vie.
Terry Pegula devrait amener ses hommes de confiance des Bills, de la NFL, chez les Sabres. Ils ne pourraient faire pire.