En Alexandre Carrier, les Canadiens de Montréal ont fait l’acquisition d’un défenseur qui serait troisième ou quatrième dans la hiérarchie d’une équipe aspirante, d’après deux intervenants très crédibles.
«C’est un défenseur vraiment solide», assure Alex Daugherty, journaliste affecté à la couverture des Predators de Nashville pour The Tennessean. «Probablement, un no 3 ou 4. Il a certaines aptitudes que les Canadiens vont adorer. Ce n’est pas un gars de troisième paire. À Edmonton ou [à] Toronto, par exemple, il serait le quatrième défenseur.»
«Je suis d’accord à 100%», a renchéri l’attaquant du Wild du Minnesota Frédérick Gaudreau, ancien coéquipier de Carrier à Milwaukee dans la Ligue américaine, lorsque mis au fait des propos du journaliste. «C’est un gars intelligent. Il s’assure d’être toujours au bon endroit. Non seulement il est “ultra-safe”, mais il voit bien le jeu offensivement aussi. Pour moi, c’est un défenseur complet.»
Gaudreau a appris la nouvelle après la défaite de 6 à 1 du Wild face aux Panthers de la Floride, tard en soirée, mercredi. Un message texte d’une connaissance lui a mis la puce à l’oreille.
«Carrier et moi, on est de bons chums», souligne-t-il. «Je trouve ça cool pour lui. Je sais qu’il a un logement à Montréal, sa femme y est établie. Ça doit être excitant pour lui.»
Les deux vieux comparses n’ont pas encore eu le temps de jaser. En fait, un joueur qui vient de changer d’adresse n’a pas le temps de faire grand-chose.
«Je pense qu’il n’a pas le temps de parler à sa mère! Il a trop de choses à faire», s’exclame Gaudreau.
Destiné à venir ici
Au premier abord, l’échange de Carrier a pris le journaliste Alex Daugherty au dépourvu, puisque l’arrière de 28 ans avait signé, pas plus tôt que le 1er juillet dernier, un contrat valide jusqu’en 2027 avec les Predators. Quand il a eu vent de la destination de l’arrière québécois, le casse-tête a rapidement pris forme dans sa tête.
«Honnêtement, je pensais que les Predators allaient l’échanger aux Canadiens à la date limite l’an dernier, confie le journaliste. J’étais surpris qu’il reste à Nashville et je m’étais dit: “Aucune chance qu’ils le prolongent, il va s’entendre avec les Canadiens sur le marché des joueurs autonomes.”»
Carrier caressait depuis un bout de temps le rêve de jouer à Montréal. C’était le secret le moins bien gardé.
Et détrompez-vous, les Predators ne considéraient pas Carrier comme l’un des responsables de l’atroce début de saison de l’équipe. L’échange du droitier est le résultat d’un concours de circonstances et d’un changement de paradigme à Nashville.
«Barry Trotz est prêt à rajeunir l’équipe», note Daugherty. «Il obtient un défenseur de 23 ans en retour [Justin Barron] et il réalise une économie de 2,6 millions $ sous le plafond salarial.»
«Aussi, pendant l’absence de Carrier, [blessé], de jeunes arrières comme Adam Wilsby et Nick Blankenburg ont pris du galon. Les Predators ne voulaient pas se débarrasser de Carrier. Il connaissait une bonne saison.»
Maître du désavantage numérique
Avec son expérience et son brio pour restreindre l’écart avec le porteur de la rondelle à un contre un (gap control), Carrier devrait amener de la stabilité sur le flanc droit de la ligne bleue des Canadiens.
Sa véritable marque de commerce, cependant, réside dans sa grande maîtrise des subtilités du désavantage numérique, où il bloque quantité de tirs et élimine systématiquement les lignes de passe.
«C’était le meilleur défenseur des Predators en infériorité numérique dans les deux dernières années», souligne Daugherty. «Carrier et Luke Schenn étaient dominants dans cette facette du jeu pour les Predators. Je parierais qu’il va améliorer les Canadiens à 4 contre 5.»
«Sa force, c’est de bien lire la situation dans laquelle il est, pour ensuite prendre la bonne décision par rapport à ce qui se trouve devant lui. C’est ça», résume de son côté Gaudreau, sans faire spécifiquement allusion au désavantage numérique.
Les 30 points, une anomalie
Sur le plan offensif, il faut avoir des attentes plus modérées à l’endroit de Carrier, prévient Daugherty.
Bien qu’il ait produit sa part de points dans la LHJMQ et la Ligue américaine et qu’il en ait tout de même récolté 30 avec les Predators en 2021-2022, vous ne risquez pas de le voir en avantage numérique.
«Les 30 points en 21-22 étaient une anomalie», précise le journaliste du Tennessean. «Il évoluait avec Mattias Ekholm et les Predators misaient sur plein de marqueurs de 20 buts. Je serais surpris de voir Carrier dépasser la barre des 20 points, franchement.»
Les «Preds» étaient sur la trace de Barron
Par ailleurs, il semble que Barron, le joueur effectuant le chemin inverse dans la transaction réalisée mercredi, était dans la mire des Predators depuis belle lurette.
«Apparemment, Nashville le surveillait depuis un bout de temps», révèle Daugherty. «Je crois que les Predators voulaient le repêcher en 2020, mais l’Avalanche du Colorado l’a réclamé [au 25e rang].»
Plus jeune, Barron, 6 pi 2 po, est aussi plus imposant que Carrier, 5 pi 11 po, ce qui répondait à un besoin identifié par Trotz et ses sbires.
«Les Predators veulent ajouter du coffre à leur brigade défensive. Barron amène un peu de poids», note notre intervenant.
Ces attributs qui ont séduit les Predators, Barron les a toutefois rarement utilisés depuis le début de la saison.