Les citoyens se mobilisent contre la menace qui plane sur le plus vieux camp scout du monde situé à Mille-Isles, dans les Laurentides.
«Il ne faut pas que cette forêt magnifique passe dans les mains de promoteurs immobiliers», affirme l’ancien ministre québécois de l’Environnement Thomas Mulcair, aussi chroniqueur au Journal de Montréal.
Avec son collègue Clifford Lincoln, qui a aussi occupé le poste de ministre de l’Environnement sous le gouvernement libéral de Robert Bourassa, il a pris position récemment dans une lettre ouverte au Devoir contre la menace qui plane sur cette terre de 400 hectares (4 km2) située entre Saint-Sauveur-des-Monts et Lachute.
Pour M. Mulcair, il faut convertir sans tarder la terre appartenant à Scouts Canada en aire protégée afin de la soustraire au développement résidentiel ou commercial. «On n’a pas dépassé les 10% dans le sud du Québec, même si la CAQ avait promis de protéger 30% du territoire», lance-t-il.
Culture du silence
Maire de la municipalité de Mille-Isles depuis 2018, Howard Sauvé déplore que Scouts Canada entretienne une culture du silence dans ce projet qui touche directement sa municipalité. «Les scouts ne répondent pas à nos appels, et on ignore tout de l’avancement des négociations avec les acheteurs», déplore-t-il.
On sait que Scouts Canada, aux prises avec des problèmes de liquidités, a cessé ses activités sur place en 2018.
Ouvert en 1912, le camp de Tamaracouta était le plus ancien camp scout en service au monde. Il avait notamment pour mission d’accueillir des scouts de l’étranger pour des séjours en plein air.
Même si certains bâtiments sont encore fonctionnels, ils sont abandonnés, et un incendie s’y est déclaré en 2022, transformant en cendres le poste d’accueil. La décision de vendre se serait prise, et un contrat devait être signé «très bientôt» en avril 2024. Mais impossible de savoir qui sont les acheteurs.
Droit moral
«Légalement, les scouts peuvent vendre le terrain. Mais moralement, cette vente nous apparaît inacceptable», souligne Lyne Lantier, qui préside l’association des propriétaires du lac Tamaracouta.
Outre le fait que les scouts ont pour mission de préserver l’environnement ainsi que partager des valeurs d’entraide et de développement durable par des activités de formation auprès des jeunes, le site lui-même avait fait l’objet d’une campagne philanthropique au début du 20e siècle, fait valoir Mme Lantier.
L’aire protégée qu’on souhaite acquérir sur la partie nord du lac, un des rares endroits des Basses-Laurentides encore préservés du développement commercial, s’ajouterait au corridor écologique entre l’Outaouais et les Laurentides.
Le mouvement scout du Canada n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.