OTTAWA | Peu importe comment on la voit, la défaite d’Équipe Canada junior en quarts de finale est un échec monumental pour un pays qui se targue d’être au sommet du monde. Des membres de Hockey Canada devront rendre des comptes.
Parce qu’on peut mettre en cause les joueurs qui ont assurément leur part de responsabilité, mais il semble évident que les plus grandes erreurs auront été commises au-dessus d’eux.
Et tout a commencé au camp de sélection.
Ce sont les dirigeants qui ont décidé de renvoyer à la maison des espoirs de très haut niveau, et même d’en ignorer complètement certains, au profit de joueurs fougueux, intenses et prêts à accepter leur rôle. On a martelé dès le premier jour qu’on avait appris de ses erreurs de l’an dernier et on a décidé de mettre l’accent sur la création d’une «équipe de hockey» et non d’une «équipe d’étoiles».
Constat: on n’a jamais vraiment vu cette équipe de hockey.
Pendant ce temps, le troisième choix au total du dernier repêchage, Beckett Sennecke, regardait tout ça, depuis le confort de son salon, pendant qu’il était nommé le joueur du mois de décembre dans l’OHL. Le meilleur pointeur de ce circuit, d’ailleurs, Michael Misa, constatait lui aussi tout ça de loin.
Et comment a-t-on également pu penser que c’était une bonne idée de laisser les défenseurs Zayne Parekh et Carter Yakemchuk à la maison? Les deux ont marqué 30 buts l’an dernier, à 17 ans!
Il est évident qu’une équipe ne peut compter sur trop de joueurs offensifs, on le comprend. Mais de là à les ignorer les deux, en n’invitant même pas Yakemchuk au camp?
Qu’un échec comme celui-ci arrive une fois, ça peut passer. Mais, deux? Il y a des gens, quelque part, qui devront rendre des comptes.
Un entraîneur controversé
Il faut aussi parler de Dave Cameron.
Rarement le travail d’un entraîneur n’aura été autant remis en question, et pas simplement par des partisans ou des journalistes, mais par des entraîneurs, anciens et actuels.
On pourrait parler du fait que, malgré des prestations en demi-teinte, ÉCJ n’a tenu aucun entraînement durant le tournoi.
«Nos joueurs étaient épuisés et il n’existe pas de système pour les joueurs fatigués», a-t-on expliqué jeudi soir, après le revers.
On pourrait aussi parler du fait que, même si l’équipe était incapable de générer quoi que ce soit en offensive, on a laissé la plupart du temps des joueurs offensifs, Carson Rehkopf ou Porter Martone, sur la passerelle.
On pourrait ajouter l’entêtement de Cameron à ne rien changer, ou très peu, malgré un manque évident de chimie au sein de la majorité des unités offensives. Pourquoi a-t-on attendu le milieu de la deuxième période du match de quarts de finale, alors qu’ÉCJ tirait de l’arrière par deux buts, pour placer Gavin McKenna au sein du premier trio?
«J’ai changé mes trios tout au long du tournoi», a-t-on ensuite tenté d’expliquer.
Toutes des réponses typiques de celles qu’il a offertes tout au long du tournoi: en dichotomie complète avec ce que, de l’extérieur, tout le monde voyait.
Comme quand il affirmait qu’il ne pouvait pas corriger le manque de discipline de ses joueurs.
La vie continue
Mais, pour Cameron, ça ne changera pas grand-chose: il ne reviendra assurément pas derrière le banc de cette équipe. Pour lui, la vie continue, il va rejoindre les 67’s d’Ottawa et continuer sa saison comme prévu.
Mais il mérite assurément sa part de responsabilité. Jamais, il n’a rendu ses joueurs imputables de leurs erreurs. Easton Cowan, notamment, après avoir pris une pénalité inutile et coûteuse face aux Américains, mardi, n’a sauté aucune présence par la suite. On a continué de l’employer au sein du premier trio et du premier avantage numérique.
Quand on l’interrogeait à ce sujet, Cameron répétait que ce tournoi était trop court pour commencer à punir des joueurs.
Là-dessus, il a eu raison. Le tournoi a été très court.