Créée par une entreprise sherbrookoise, une bouée qui transforme l’eau de la mer en eau douce va se déployer pour une première fois dans une ville de la Californie aux prises avec d’importants problèmes d’approvisionnement en eau.
«Elle a la capacité de dessaler environ 50 000 litres d’eau de mer par jour, soit de combler les besoins de 100 à 3000 personnes par bouée», soutient le PDG et fondateur d’Oneka Technologies, Dragan Tutic.
La bouée, d’une hauteur de trois mètres, pompe l’eau de mer et la transforme en eau potable en utilisant l’énergie des vagues à travers un processus d’osmose inverse.
«C’est purement mécanique. Avec le mouvement des vagues, on vient pomper l’eau de la mer à travers des membranes qui dessalent l’eau et l’eau potable est envoyée à la berge avec un tuyau sous-marin», décrit M. Tutic.
Une première
La ville de Fort Bragg devient ainsi la première au monde à bénéficier de ce concept conçu par l’entreprise créée en 2015.
«La Californie vit des problèmes d’accès à l’eau importants. Malheureusement, le renouvellement naturel de l’eau ne va pas au rythme que [les citoyens la] consomment», poursuit le PDG.
«Ils sont dans une situation critique et ils veulent diversifier leurs sources d’eau pour ne pas seulement s’appuyer sur l’eau naturelle qui est atteinte par les changements climatiques», soutient l’ingénieur.
La Ville a obtenu du financement de l’État de la Californie pour le projet. Pour Oneka, il s’agit d’un premier contrat de 1,5 million de dollars américains pour déployer l’unité pendant un an.
Demande grandissante
Au cours des 12 derniers mois, Oneka Technologies a été sollicitée par 40 pays différents, tous avides de leur technologie verte.
«On voit l’ampleur des besoins d’accès à l’eau dans le monde, c’est énorme. Ça s’est accéléré dans les dernières années», lance Alain-Olivier Desbois, chef des Finances chez Oneka Technologies.
«Au-delà des États-Unis, il y a l’Amérique latine, notamment le Chili. Ils ont un processus de désertification qui fait que certaines communautés ont l’équivalent de trois heures par semaine d’accès à l’eau», spécifie M. Desbois.
Cette explosion de la demande en eau potable ne surprend pas Benoit Barbeau, professeur titulaire à la Polytechnique de Montréal au département des génies civil, géologique et des mines.
«Les changements climatiques mettent énormément de pression sur les ressources en eau. […] On ne le réalise pas parce qu’on est au Québec. On est privilégiés», soutient l’expert en traitement de l’eau potable.
Pour M. Barbeau, le dessalement d’eau de mer est une pratique peu courante, bien qu’elle soit déjà vue ailleurs.
Ce qui le fascine davantage, c’est que l’eau potable produite par Oneka ne nécessite pas d’énergie fossile, à la différence des systèmes de dessalement traditionnels.
«Ç’a prend de l’eau pour produire de l’énergie et de l’énergie pour produire de l’eau et c’est ce qu’ils font. C’est innovant», conclut-il.
Un produit d’ici
Plus de 70% des pièces et sous-systèmes des bouées proviennent de fournisseurs et sous-traitants québécois. «On est au bon endroit pour créer de la richesse localement», affirme M. Tutic.
Ce dernier ajoute que la fabrication d’une seule bouée prend jusqu’à environ un mois, mais l’objectif est d’en faire une par semaine.
«À notre ancien entrepôt, on pouvait faire une bouée à la fois et ici, à pleine capacité, on pourra en faire jusqu’à six à la fois», explique Alexandre Bertrand, président Canada-Québec chez Oneka Technologies.
Les bouées assemblées ici au Québec pourront servir à de petites communautés, des hôtels côtiers, ou des industries, par exemple.